Anovulation : origines, manifestations et thérapies
L’anovulation est l’absence d’ovulation. Quels sont les signes de ce trouble ? Quelles sont les causes possibles ? Quels traitements sont disponibles pour favoriser la fertilité ? Le Dr Nadia Kazdar, médecin biologiste spécialiste de la reproduction et de la fertilité, nous donne toutes les réponses à ces questions.
Qu’est-ce qu’un cycle anovulatoire ?
L’anovulation est le terme utilisé pour décrire l’absence d’ovulation chez les femmes. Pour mieux comprendre ce phénomène, il est important de se rappeler comment fonctionne normalement le cycle menstruel. Le cycle commence par la phase folliculaire, au cours de laquelle un follicule ovarien mature contenant un ovocyte se développe en préparation de l’ovulation. L’ovulation se produit ensuite, au cours de laquelle l’ovaire libère un ovocyte (appelé communément ovule) qui peut ensuite migrer dans la trompe de Fallope où il peut être fécondé par un spermatozoïde. Après l’ovulation, le follicule devient ce qu’on appelle le corps jaune, qui sécrète de la progestérone pour épaissir la muqueuse de l’utérus en préparation d’une éventuelle implantation d’un embryon. Si aucune implantation n’a lieu, le corps jaune se résorbe et le cycle menstruel recommence avec l’évacuation de la muqueuse utérine (endomètre) lors des règles. L’anovulation se réfère donc à l’incapacité de l’ovaire à libérer un ovocyte mature en vue d’une fécondation.
Les règles peuvent-elles survenir sans qu’il y ait ovulation ?
Normalement, l’ovulation et les règles sont liées, car l’expulsion d’un ovocyte précède l’élimination de la muqueuse utérine, appelée règles. Cela fait partie du fonctionnement normal du cycle menstruel. Cependant, il peut arriver que le corps tente d’ovuler sans succès et que l’organisme finisse par éliminer l’endomètre qui s’est formé pendant le cycle, même en l’absence d’ovulation. Dans ce cas, il s’agit plutôt de saignements intermenstruels que de véritables règles. L’absence d’ovulation se traduit généralement par des cycles longs ou inexistants (aménorrhée) et donc par l’absence ou l’espacement important des règles. Il est important de noter que les saignements qui surviennent sous contraception orale (pilule œstroprogestative) ne sont pas des règles, mais des saignements de privation. Ce sont les jours sans prise de pilule ou les comprimés placebo blancs qui, en raison de l’absence d’hormones, provoquent des saignements utérins.
Distinguer entre dysovulation et anovulation
La dysovulation fait référence à des problèmes d’ovulation tels que des retards, des précocités ou une absence d’ovulation. Cela signifie que certaines femmes peuvent ovuler de manière irrégulière ou sporadique, tandis que d’autres ne parviennent pas à ovuler du tout, ce qui est appelé anovulation. Dans les deux cas, il est important d’identifier les causes possibles et de considérer un traitement pour favoriser ou induire l’ovulation.
Détection de l’ovulation : comment savoir si j’ovule ou non ?
Il existe plusieurs méthodes pour détecter l’ovulation, dont la plus connue et la plus simple est le test d’ovulation. Ce test urinaire, disponible en pharmacie et en ligne, détecte le pic de LH, une hormone qui précède l’ovulation de 24 à 36 heures. Des prises de sang en laboratoire peuvent également indiquer si l’on est dans la première partie du cycle (phase folliculaire) ou dans la seconde partie (phase lutéale), c’est-à-dire avant ou après l’ovulation. L’observation de la glaire cervicale, une substance produite par le col de l’utérus, peut également aider à identifier la période fertile autour de l’ovulation. La glaire cervicale prend une consistance similaire à celle d’un blanc d’œuf, ce qui facilite le déplacement des spermatozoïdes vers l’ovule. Enfin, la courbe de température peut être utilisée pour identifier l’ovulation a posteriori. La température basale du corps, mesurée avant le lever et à heure fixe, baisse légèrement le jour de l’ovulation, puis augmente d’au moins 0,5°C dès le lendemain.
Causes possibles de l’absence d’ovulation
L’anovulation est un phénomène fréquent à certains moments de la vie reproductive d’une femme, comme la puberté et la ménopause. Pendant la puberté, le corps met en place son fonctionnement reproducteur, tandis qu’à la ménopause, l’activité reproductive diminue progressivement jusqu’à s’arrêter complètement.
En dehors de ces périodes, un cycle menstruel normal devrait normalement inclure une ovulation, sauf en cas de contraception hormonale. Cependant, il existe plusieurs raisons pour lesquelles l’ovulation peut être absente. Par exemple, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), qui se caractérise par la présence de multiples follicules de taille similaire dans les ovaires, peut entraîner un déséquilibre hormonal et retarder ou bloquer la maturation des ovocytes. Cela peut entraîner des ovulations rares, absentes ou de mauvaise qualité.
D’autres causes d’anovulation peuvent inclure une tumeur bénigne au cerveau, comme un adénome hypophysaire à prolactine, qui perturbe la sécrétion d’une hormone cérébrale appelée hormone libérant des gonadotrophines (GnRH). Cette hormone contrôle indirectement la sécrétion de progestérone et d’œstrogènes par les ovaires. Des troubles psychologiques tels que l’anorexie mentale, le stress important ou un choc émotionnel peuvent également causer l’anovulation. De plus, un surpoids, une obésité ou une insuffisance pondérale peuvent également affecter le cycle menstruel et entraîner l’absence d’ovulation.
Il est important de noter que les causes de l’anovulation peuvent être classées en deux grands types en fonction de leur localisation : les causes centrales, qui se situent au niveau du cerveau (tumeur bénigne ou troubles psychologiques), et les causes périphériques (SOPK, kyste ovarien, insuffisance ovarienne précoce, également appelée ménopause précoce).
Il est recommandé de consulter un professionnel de la santé en cas d’anovulation persistante ou de difficultés à concevoir, afin de déterminer la cause sous-jacente et de discuter des options de traitement disponibles.
Les signes et symptômes d’un cycle anovulatoire: quels sont-ils ?
L’anovulation, c’est lorsque les ovaires ne libèrent pas un ovule chaque mois. Les symptômes qui peuvent accompagner cette absence d’ovulation incluent des règles irrégulières, peu fréquentes ou peu abondantes, et même parfois l’absence totale de règles. Si l’anovulation est causée par le syndrome des ovaires polykystiques, cela peut également s’accompagner d’un surpoids, d’une pilosité excessive et d’acné. Si vous suspectez une anovulation, des tests d’ovulation négatifs ou une courbe de température sans hausse notable peuvent être des signes à prendre en compte.
Traitement de l’anovulation : quelles options pour stimuler la fertilité ?
Lorsque l’ovulation ne se produit pas, cela peut ne pas être un problème en soi, mais cela peut être préoccupant si vous souhaitez tomber enceinte. Dans ce cas, un traitement médical peut être envisagé. Si la cause de l’anovulation est identifiée, il est important de la traiter pour résoudre les problèmes d’ovulation. Par exemple, si l’anovulation est causée par un trouble de l’alimentation comme l’anorexie mentale, le traitement de ce trouble peut aider le corps à ovuler régulièrement à nouveau. De même, si un kyste endométriosique est responsable de l’anovulation, son ablation peut rétablir l’ovulation. De plus, si un trouble de la thyroïde est détecté grâce à des analyses sanguines, un traitement approprié peut aider à réguler le cycle menstruel. Dans certains cas, lorsque la cause ne peut être traitée ou n’est pas clairement identifiée, un traitement pour stimuler l’ovulation peut être envisagé pour favoriser une grossesse. Il est important de noter que dans certains cas d’insuffisance ovarienne précoce, le don d’ovocyte peut être nécessaire pour réussir une grossesse.
Alternatives à Clomid pour stimuler l’ovulation
En cas de troubles de l’ovulation, on utilise généralement une approche de stimulation ovarienne avec des médicaments tels que le citrate de clomifène (Clomid) ou des injections d’hormones folliculo-stimulantes (FSH) et/ou de l’hormone lutéinisante (LH). Le citrate de clomifène est un médicament en comprimés qui est pris en début de cycle pendant quelques jours. Il stimule les ovaires pour induire l’ovulation. On peut ensuite surveiller le développement folliculaire et attendre que l’ovulation se produise naturellement, ou bien utiliser une injection d’Ovitrelle qui imite le pic de LH et déclenche l’ovulation. Si cette première approche ne fonctionne pas, des médicaments plus puissants, tels que des injections de FSH ou de LH, peuvent être utilisés. Il est important de suivre le protocole établi par le gynécologue, car il est adapté à la cause de l’anovulation et aux réponses précédentes du corps aux traitements.
Une autre approche consiste à utiliser le létrozole, un médicament qui diminue les taux d’œstrogènes et augmente la sécrétion de FSH pour stimuler le développement des follicules ovariens. Cette approche peut être plus efficace que le Clomid en cas de syndrome des ovaires polykystiques et présente l’avantage de réduire le risque de grossesses multiples. Cependant, en France, le létrozole n’a pas encore été autorisé pour cette indication.
Dans le cas de l’anorexie mentale, il peut être préférable de recourir à la pose d’une pompe à GnRH pour induire l’ovulation. Cette pathologie peut affecter l’axe hypothalamo-hypophysaire, qui joue un rôle clé dans la régulation hormonale de la reproduction. La pompe à GnRH agit directement au niveau cérébral pour stimuler la sécrétion des hormones nécessaires à l’ovulation.
Il est important de souligner que la stimulation ovarienne nécessite un suivi médical étroit en raison des risques potentiels tels que l’hyperstimulation ovarienne, la torsion de l’ovaire et les grossesses multiples. Ce suivi comprend des dosages hormonaux et des échographies régulières pour ajuster le traitement en fonction des résultats du monitoring ovarien.
Quelles sont les options de traitement naturel pour l’anovulation ?
L’alchémille, l’achillée millefeuille et le gattilier sont des plantes souvent recommandées pour aider à réguler les niveaux d’hormones dans le cycle féminin, en particulier la progestérone. On peut les prendre sous forme de tisane, de gélules ou de teinture mère diluée dans de l’eau. Cependant, il est préférable de consulter un gynécologue, une sage-femme ou un naturopathe certifié pour éviter les erreurs de dosage et de posologie. Il est important de noter que les études sur l’efficacité de ces plantes dans la régulation du cycle menstruel sont rares. Il est donc difficile de dire si elles fonctionneront ou non, et combien de temps il faudra pour obtenir des résultats.