Comprendre l’infertilité secondaire : ce qu’il faut savoir sur les causes et les traitements
Lorsqu’un couple a déjà eu des enfants mais rencontre des difficultés pour en avoir d’autres, on parle d’infertilité secondaire. La Pr Micheline Misrahi-Abadou, spécialiste en infertilités génétiques, nous explique comment repérer et traiter ce type d’infertilité. Les causes peuvent être différentes de celles de l’infertilité primaire et les options de traitement varient également. Découvrez les informations essentielles sur l’infertilité secondaire avec notre experte.
Qu’est-ce que l’infertilité secondaire ? Différence avec l’infertilité primaire
L’infertilité peut être définie comme l’incapacité d’un couple à concevoir après un an de rapports sexuels non protégés. Environ 25% des couples rencontrent des difficultés pour concevoir après un an, mais ce chiffre tombe à 11% après deux ans. L’infertilité peut être classée en deux catégories : l’infertilité primaire et l’infertilité secondaire. L’infertilité primaire concerne les couples qui n’ont jamais eu d’enfants, tandis que l’infertilité secondaire concerne ceux qui ont déjà eu un ou plusieurs enfants. Environ 50% des cas d’infertilité sont classés comme étant primaires, tandis que les 50% restants sont classés comme étant secondaires.
Dans les pays occidentaux, plus de 15% des couples consultent pour des problèmes de fertilité, ce qui en fait un problème de santé publique. Il est donc essentiel d’identifier les causes de l’infertilité et de traiter les patients de manière personnalisée en fonction de ces causes. Grâce aux avancées dans le domaine de la génétique, des progrès significatifs ont été réalisés. Le Ministère a mis en place un « Plan Fertilité » qui met l’accent sur l’information, le dépistage, la prévention et l’identification des causes d’infertilité, notamment génétiques et environnementales. Ce plan vise à améliorer la prise en charge des patients et à trouver des solutions adaptées à chaque situation.
Causes d’infertilité secondaire courantes chez les deux sexes
L’infertilité peut être due à l’homme, à la femme ou aux deux partenaires. Parfois, il n’y a pas d’explication claire pour l’infertilité. Les femmes peuvent être affectées par l’âge, car leur stock d’ovules diminue progressivement au fil du temps. La fertilité diminue particulièrement après l’âge de 35 ans. Les facteurs externes tels que l’obésité, le tabagisme, la consommation d’alcool, une mauvaise alimentation, le stress ou la fatigue peuvent également réduire les chances d’avoir un enfant. Les facteurs génétiques jouent également un rôle important, avec une corrélation entre l’âge de la ménopause de la mère et de ses filles. Les progrès récents dans le domaine de la génétique permettent d’identifier des causes spécifiques chez environ un tiers des femmes et des hommes infertiles, ce qui permet une prise en charge personnalisée des patients.
Causes de l’infertilité secondaire : qu’est-ce qui peut empêcher une femme d’avoir un deuxième enfant ?
Excès de prolactine : comprendre le déséquilibre hormonal
Si la prolactine est produite en excès dans le corps, cela peut entraîner une condition appelée hyperprolactinémie, qui peut avoir un impact sur la fertilité. Il existe plusieurs causes possibles, notamment la prise de certains médicaments comme les antidépresseurs, ainsi que la présence d’une tumeur de l’hypophyse. Il est important de consulter un spécialiste pour évaluer et traiter cette condition.
Comprendre l’endométriose : une maladie gynécologique
L’endométriose est une maladie courante qui affecte plus de 10% des femmes en France. Bien qu’elle puisse se développer à un jeune âge, elle peut s’aggraver avec le temps et entraîner des problèmes de fertilité chez les femmes.
Les problèmes utérins qui peuvent affecter la fertilité
L’infertilité chez la femme peut être causée par des problèmes utérins. Par exemple, la synéchie, qui est une adhérence des parois de l’utérus, peut survenir suite à une infection. De plus, des troubles de la sécrétion de la glaire cervicale, souvent causés par une intervention chirurgicale, peuvent également affecter le col de l’utérus. Ces altérations peuvent rendre difficile pour une femme de concevoir un enfant.
Les ovaires polykystiques : une condition ovarienne commune
Le syndrome dont il est question touche entre 8 et 13 % des femmes et peut causer des cycles menstruels irréguliers ou absents, des problèmes psychologiques ainsi que des troubles métaboliques tels que l’obésité et le diabète. Si vous présentez des signes cliniques inhabituels tels que des douleurs, des troubles menstruels ou des saignements, il est important de consulter un médecin. Il existe des traitements médicaux et chirurgicaux spécifiques pour ces différentes causes. Environ 30 % des cas d’infertilité n’ont pas de cause connue. Dans ces situations, une exploration génétique est nécessaire. C’est notamment le cas de l’insuffisance ovarienne primitive, qui correspond à l’arrêt prématuré du fonctionnement des ovaires avant l’âge de 40 ans. La génétique permet de trouver des causes chez un tiers de ces femmes, ce qui permet une prise en charge personnalisée. En identifiant précisément le blocage, il est possible d’évaluer la fertilité future de la patiente et de choisir le traitement le plus adapté à chaque cas. Cela peut éviter un parcours difficile et contraignant de procréation médicalement assistée jugé inefficace. En 2021, le Ministère a labellisé des « Laboratoires de Référence nationaux pour les infertilités génétiques » qui peuvent réaliser ces études chez les femmes et les hommes.
Causes principales de l’infertilité secondaire chez les hommes
Les hommes peuvent rencontrer différents problèmes qui peuvent affecter leur fertilité, même si leur production de spermatozoïdes est continue. Parmi ces problèmes, l’impact environnemental joue un rôle important, notamment dans les pays industrialisés où la production de spermatozoïdes a diminué de moitié en 50 ans. De plus, l’âge peut également entraîner l’apparition de divers troubles qui peuvent affecter la fertilité masculine. Voici les troubles les plus fréquents :.
Les signes d’un varicocèle
Le varicocèle est un problème fréquent chez les hommes qui peut causer des problèmes de fertilité. Il s’agit d’une dilatation des veines dans le cordon spermatique. Dans de nombreux cas, cela peut entraîner une infertilité masculine.
Le cancer touchant les testicules
Dans de nombreux cas, l’infertilité secondaire est causée par une tumeur appelée « germinale » qui nécessite la suppression du testicule affecté. Cette forme rare de cancer affecte principalement les hommes jeunes. Des traitements tels que la radiothérapie ou la chimiothérapie peuvent être recommandés. Il est également possible de préserver la fonction reproductive en conservant du sperme.
Le cas de l’absence de spermatozoïdes dans le sperme
L’azoospermie est un terme utilisé pour décrire l’absence de spermatozoïdes dans les testicules. Cette condition peut avoir différentes causes, telles que des problèmes de santé comme le diabète, des traitements de chimiothérapie ou même des facteurs génétiques.
Qu’est-ce que l’éjaculation rétrograde ?
Dans certains cas, l’éjaculation rétrograde peut être la cause de l’infertilité secondaire. Cela se produit lorsque l’éjaculation se fait à l’envers, avec le sperme se dirigeant vers la vessie. Le diabète peut également jouer un rôle dans ce problème. De plus, des interventions chirurgicales telles que la prostatectomie ou une opération de la colonne vertébrale peuvent également favoriser ce type d’éjaculation.
– « Problèmes d’érection: comprendre les troubles sexuels masculins
Il est important de noter que les problèmes de fertilité peuvent affecter les hommes à tout âge, y compris les hommes jeunes. Ces problèmes peuvent se développer au fil du temps et avoir un impact sur la fertilité du couple.
Solutions pour l’infertilité secondaire
Lorsqu’il est difficile de concevoir, il est important de consulter un professionnel de la santé, comme l’explique la Professeure Micheline Misrahi-Abadou. Si aucune grossesse n’est survenue après un an, ou plus tôt en cas de signe anormal ou de l’âge avancé de la femme, il est crucial d’en parler à son médecin ou à son gynécologue. Un bilan de fertilité sera alors réalisé. Comme les risques augmentent avec l’âge, il est essentiel de réaliser des examens complémentaires pour détecter d’éventuelles maladies, telles que le diabète, qui pourraient avoir un impact sur la fertilité. Il est également important de faire un bilan hormonal et échographique. Cependant, il faut également prendre en compte la santé globale du patient, homme ou femme, car dans le cas de l’infertilité secondaire, les causes identifiées peuvent également entraîner le développement de comorbidités, c’est-à-dire avoir un impact sur le fonctionnement d’autres organes.
Soins de l’infertilité secondaire : quel traitement choisir ?
Les causes de l’infertilité secondaire peuvent être différentes de celles de l’infertilité primaire, mais les traitements restent similaires. Après un examen approfondi confirmant l’infertilité, les couples peuvent avoir recours à des techniques de Procréation Médicale Assistée (PMA) telles que l’insémination artificielle ou la Fécondation In Vitro. Cependant, il est important de noter qu’il existe des risques d’échecs et de fausses couches associés à ces traitements, en particulier chez les femmes plus âgées. Le taux de réussite cumulé après 4 tentatives de FIV est d’environ 60%. Il est donc nécessaire de développer de nouveaux traitements, car certaines femmes ne répondent pas aux méthodes de stimulation hormonale actuelles. Une méthode innovante est en cours de développement, qui consiste à « réveiller » les follicules dormants dans les ovaires des patientes par fragmentation ovarienne et l’ajout de nouveaux stimulateurs de croissance des ovules. À moyen terme, cette technique devrait être utilisée en pratique clinique. La meilleure façon de prévenir l’infertilité chez les femmes est donc d’informer le public sur les limites physiologiques de la fertilité, qui peuvent varier d’une personne à l’autre, ainsi que sur l’importance du mode de vie sur la fertilité, notamment le stress et les substances toxiques. Les associations de patients jouent un rôle important dans ce domaine.