Comprendre les protocoles de FIV : un guide complet pour choisir le bon traitement

Les différentes méthodes de FIV utilisées pour la conception assistée

Lorsqu’on décide de se lancer dans une procédure de procréation médicalement assistée, on se retrouve souvent face à un monde complexe avec son propre langage et ses codes spécifiques. Il n’est donc pas toujours facile de s’y retrouver. Dans cet article, nous allons passer en revue les différents types de protocoles de fécondation in vitro tels que le protocole lourd, court, antagoniste, agoniste et sur cycle naturel. Pour cela, nous avons fait appel au Dr Nadia Kazdar, médecin biologiste spécialisée en Assistance médicale à la procréation à la Clinique Pierre Cherest de Neuilly-sur-Seine (Unilabs France).

Comment se déroule la fécondation in vitro ?

La stimulation des ovaires

La stimulation ovarienne est une étape essentielle dans les traitements de procréation médicalement assistée et de fécondation in vitro. Elle permet de collecter les ovocytes et les spermatozoïdes nécessaires à la fécondation en laboratoire. En stimulant les ovaires, on peut contrôler le processus d’ovulation et augmenter les chances de réussite de la PMA en collectant plusieurs ovocytes matures lors d’un seul cycle. Cette stimulation peut être réalisée en prenant des comprimés et en injectant de l’Ovitrelle pour imiter le pic de LH, l’hormone clé de l’ovulation, ou en utilisant des injections de médicaments stimulant les ovaires, suivies de l’Ovitrelle. L’objectif final est de récolter entre 5 et 15 ovocytes lors de l’étape suivante : la ponction.

Le prélèvement des ovocytes matures lors de la ponction ovocytaire

Après avoir stimulé les ovaires, on procède à une ponction des ovocytes matures. Cette ponction se fait par voie vaginale, sous anesthésie locale ou générale, et sous contrôle échographique. Dans le cas d’un couple hétérosexuel sans recours au don de sperme, le sperme du futur papa est recueilli en laboratoire le jour de la ponction.

La rencontre des gamètes : l’étape cruciale de la fécondation

Lors d’un traitement de FIV, les ovocytes matures sont mis en contact avec les spermatozoïdes du futur père ou d’un donneur de sperme. Selon le spermogramme de l’homme et son infertilité éventuelle, deux procédures sont possibles. La première est la FIV avec ICSI, où des spermatozoïdes viables sont injectés directement dans les ovocytes. La seconde est la FIV sans ICSI, où les ovocytes matures et les spermatozoïdes sont mis en culture et les embryons se forment naturellement. Les embryons obtenus sont ensuite recensés et passent plusieurs jours dans un incubateur pour évoluer. Dans les deux cas, il s’agit d’une fécondation in vitro, car la rencontre entre les gamètes a lieu en dehors du corps de la femme.

Le processus de transfert d’embryon lors d’une FIV

Après avoir obtenu les embryons, ils sont transférés dans l’utérus selon un calendrier établi en collaboration avec l’équipe médicale et le couple ou la femme célibataire. Les embryons ont généralement entre 2 et 6 jours. Il est important de noter que les embryons plus âgés, qui sont plus différenciés (appelés blastocystes à partir du 5ème ou 6ème jour, avec environ 200 cellules), ont plus de chances de s’implanter dans l’utérus. Cependant, tous les embryons ne parviennent pas toujours à ce stade, il peut donc être préférable de procéder à un transfert embryonnaire précoce, avant le stade de blastocyste.

Le transfert des embryons se fait à l’aide d’un fin cathéter et a lieu à l’intérieur de l’utérus. Si des embryons supplémentaires sont obtenus, ils peuvent être congelés en vue d’une future procédure de transfert d’embryon congelé (TEC).

Il est important de noter que ces étapes sont spécifiques aux ovocytes de la future mère. En cas de recours au don d’ovocytes, la procédure est différente car il n’y a pas de stimulation ovarienne. Cependant, l’endomètre est préparé pour accueillir l’embryon.

Il est également important de rappeler que depuis la modification de la Loi de Bioéthique en août 2021, l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) est élargi aux couples de femmes et aux femmes célibataires, et le critère médical d’infertilité a été supprimé. Auparavant, la PMA était réservée aux couples hétérosexuels sur indication médicale.

Le protocole antagoniste: une approche différente pour la FIV

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Différence entre antagoniste et agoniste en FIV : explication des termes

Les médicaments utilisés lors de la FIV pour prévenir l’ovulation sont des molécules similaires à la gonadolibérine (GnRH). La GnRH est une hormone qui régule le cycle menstruel en stimulant la production d’autres hormones essentielles à la fertilité féminine, comme la LH et la FSH. Il existe deux types de médicaments similaires à la GnRH : les agonistes et les antagonistes. Les antagonistes bloquent les récepteurs de la GnRH, empêchant ainsi la production de LH et de FSH, ce qui permet de contrôler le cycle menstruel et l’ovulation. Les agonistes, quant à eux, imitent les effets de la GnRH pour réduire la production de LH et de FSH et contrôler l’ovulation programmée. Ces médicaments sont utilisés pour empêcher l’ovulation spontanée et programmer l’ovulation médicalement.

Les médicaments antagonistes couramment utilisés en FIV comprennent Fyremadel gé, Cetrotide et Orgalutran

Le protocole antagoniste, également connu sous le nom de protocole court antagoniste, utilise des médicaments qui bloquent la production de la GnRH. Il peut inclure un traitement préalable aux règles, suivi d’injections quotidiennes de FSH pour stimuler les ovaires et empêcher une ovulation spontanée. L’objectif est d’obtenir le plus grand nombre possible de follicules matures. Des contrôles échographiques et des dosages hormonaux sont effectués pour vérifier la taille et le nombre de follicules. Une fois que les follicules sont suffisamment développés, une injection d’Ovitrelle est programmée pour déclencher l’ovulation et la ponction ovarienne peut avoir lieu.

La méthode agoniste : une approche dans le traitement de la FIV

Le protocole long avec Synarel© et Décapeptyl©

Le protocole agoniste long utilisé dans le traitement de la FIV se compose de deux phases distinctes. La première phase consiste à bloquer l’ovulation en induisant une ménopause artificielle à l’aide d’une molécule agoniste de la GnRH, telle que le Décapeptyl© ou le Synarel©. Cette étape vise à contrôler le processus d’ovulation et à prévenir toute ovulation spontanée. La deuxième phase est la stimulation ovarienne elle-même, qui nécessite des injections quotidiennes de FSH, comme le Gonal-F©, le Puregon©, le Menopur© ou le Fostimon©. Des échographies régulières et des prises de sang sont nécessaires pour déterminer le bon moment pour administrer l’Ovitrelle, qui imite le pic de LH, et pour procéder à la ponction ovarienne.

Un protocole recommandé lorsque l’endométriose est présente

Le protocole agoniste long est souvent recommandé pour les femmes atteintes d’endométriose. Ce protocole consiste à induire artificiellement la ménopause pour mettre les ovaires au repos. Cela permet de réduire les symptômes de la maladie et d’optimiser les chances de réussite de la FIV.

Le protocole de stimulation ovarienne court est une option couramment utilisée dans le traitement de la FIV

Le protocole agoniste court est un traitement de FIV qui utilise une molécule appelée agoniste de la GnRH. Contrairement au protocole agoniste long, il n’y a pas de ménopause artificielle préalable. Avant les règles, des œstrogènes peuvent être prescrits pour uniformiser la taille des follicules. Ce protocole est plus court, environ 14 jours, comparé aux 25 à 30 jours du protocole agoniste long. Les injections d’agoniste de la GnRH (Décapeptyl© ou Synarel©) sont administrées en début de cycle, suivies d’injections de FSH pour stimuler la croissance des follicules ovariens. Des échographies et des prises de sang sont réalisées pour surveiller le processus, puis une injection d’Ovitrelle est administrée avant la ponction. Ce protocole est souvent utilisé lorsque la réponse ovarienne est insuffisante ou pour les patientes présentant un « mauvais pronostic » en raison d’une insuffisance ovarienne précoce (ménopause précoce).

Le protocole de FIV utilisant le cycle naturel en PMA

Le protocole de FIV sur cycle naturel est une méthode moins courante qui consiste à réaliser une FIV sans stimulation ovarienne, en utilisant plutôt le cycle menstruel naturel de la patiente. Dans ce cas, il n’y a pas de stimulation ovarienne préalable, mais le cycle naturel est surveillé de près avec des prises de sang et des échographies régulières pour suivre le développement folliculaire et ne pas manquer l’ovulation. Une fois qu’un follicule dominant sur le point de libérer un ovocyte mature est détecté, une ponction ovarienne est réalisée afin de permettre la fécondation in vitro de l’ovule avec les spermatozoïdes en laboratoire.

Le protocole sur cycle naturel a des chances de succès plus faibles que les autres protocoles car les ovaires ne sont pas stimulés et que généralement un seul ovocyte est ponctionné. Cependant, il est proposé aux femmes qui ont des contre-indications à la stimulation ovarienne, comme celles ayant des antécédents de cancer hormonodépendant. L’utilisation de traitements hormonaux pour stimuler les ovaires est donc exclue dans ce protocole.

Il existe également une variante appelée le cycle de FIV naturel modifié, dans lequel un antagoniste de la GnRH est injecté lorsque le follicule dominant atteint environ 14 mm, afin d’éviter une ovulation spontanée. Cette injection est couplée à l’injection de gonadotrophines (FSH) pour stimuler la maturation de ce seul follicule.

Enfin, une troisième variante consiste à faire maturer le follicule in vitro, prélevé lorsqu’il atteint environ 14 mm. On parle alors de cycle de FIV naturel modifié avec la maturation in vitro (MIV).

Il est important de noter que le protocole sur cycle naturel a des chances de succès plus faibles en raison de l’absence de stimulation ovarienne, mais il peut être une option pour certaines femmes qui ne peuvent pas utiliser la stimulation ovarienne. Il est toujours préférable de consulter un spécialiste en fertilité pour déterminer le protocole le plus adapté à chaque cas individuel.



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