Le récit émouvant d’Adeline et de sa fille, une enfant de 6 ans au passé difficile
Adeline et Nastia n’étaient pas destinées à se croiser, encore moins à devenir mère et fille. Pourtant, à l’âge de 35 ans, Adeline était résolue à fonder une famille par le biais de l’adoption. Dans un livre poignant qu’elle a coécrit avec sa fille, elle partage son parcours semé d’obstacles, sa rencontre avec sa fille et la joie immense d’être devenue mère. C’est un témoignage bouleversant qui ne laisse personne indifférent.
Une histoire puissante sur l’adoption
L’envie d’adopter est ancrée en moi depuis mon enfance. L’adoption a toujours été une partie de mon histoire familiale, avec mon grand-père qui a été abandonné dès sa naissance. J’ai grandi dans une ville cosmopolite qui accueillait de nombreuses diasporas de différentes religions. En côtoyant des enfants issus de ces diasporas, j’ai été confrontée à l’exil et à la souffrance qu’ils avaient vécus. C’est à l’âge de neuf ans que j’ai pris la décision d’adopter à mon tour un enfant en détresse.
Quand j’ai atteint l’âge de 35 ans, l’âge légal pour entamer les démarches d’adoption à l’époque, j’ai décidé de me lancer seule dans cette aventure. J’avais initialement postulé pour adopter au Vietnam et en Éthiopie, les seuls pays qui acceptaient les adoptions par des célibataires. Cependant, l’opportunité de l’adoption en Russie s’est présentée entre-temps et j’ai saisi cette chance. Une organisation agréée dans mon département proposait des enfants russes à l’adoption, ce qui m’a permis de déposer ma candidature.
Mon parcours dans l’adoption a été influencé par mes expériences passées et mon désir de donner une famille aimante à un enfant en détresse. La Russie est devenue mon choix en raison des opportunités qui s’offraient à moi. Je suis reconnaissante d’avoir pu réaliser mon rêve d’adoption et de pouvoir offrir à ma fille une vie remplie d’amour et de soutien.
– « Après un parcours plein d’aventures, ma demande a finalement été acceptée
Un matin, j’ai reçu un appel que j’attendais depuis si longtemps, le même jour où ma mère se faisait opérer pour son cancer du sein. Une petite fille de 6 ans et demi m’attendait dans un orphelinat à Saint-Pétersbourg. Quelques mois plus tard, pleine de confiance pour cette nouvelle aventure, je suis arrivée en Russie pour enfin rencontrer ma fille. Nastia était encore plus belle que dans mes rêves. Elle était un peu timide, mais son visage s’illuminait quand elle riait. Je pouvais voir les blessures cachées derrière son sourire gêné, sa démarche hésitante et son corps maigre. Devenir la mère de cette petite fille était mon plus grand souhait, je ne pouvais pas échouer. Pendant mon séjour en Russie, nous avons appris à nous connaître progressivement, je ne voulais pas la brusquer. Petit à petit, la glace a commencé à se briser. Nastia, doucement apprivoisée, a commencé à sortir de sa coquille et à exprimer ses émotions. Ma présence semblait la calmer, elle ne faisait plus de crises de nerfs comme elle en faisait à l’orphelinat.
Je ne pouvais pas prévoir les épreuves qu’elle avait réellement traversées
L’histoire d’Adeline et de sa fille est tout simplement bouleversante. Adeline savait que sa fille avait connu un début de vie difficile, abandonnée à l’âge de 3 mois dans un orphelinat, puis récupérée par sa mère biologique à l’âge de 3 ans. Mais quand elle a lu le jugement de déchéance parental, elle a pris conscience de l’ampleur de la tragédie vécue par sa petite fille. Dans son passé, elle avait vécu avec une mère prostituée, alcoolique et violente, dans un environnement insalubre, entourée d’ordures, de cafards et de rats. Des hommes inconnus dormaient dans l’appartement et des scènes de violence éclataient régulièrement. Nastia, battue et affamée, était malheureusement témoin quotidien de ces horreurs. Comment allait-elle pouvoir se reconstruire après un tel traumatisme ?
Les premières semaines après leur arrivée en France, Nastia sombrait dans une profonde tristesse et se renfermait sur elle-même. Ayant perdu sa langue maternelle, elle se sentait isolée. Mais quand elle a commencé à sortir de sa torpeur, une seule obsession l’animait : aller à l’école. Adeline, quant à elle, se sentait impuissante et frustrée sans la présence de son enfant, essayant en vain de remplir ses journées de congé d’adoption.
Cette histoire nous rappelle à quel point l’adoption peut être un chemin difficile, tant pour l’enfant que pour les parents adoptifs. Mais elle nous montre aussi la résilience incroyable des enfants et leur capacité à se reconstruire. Nastia, malgré toutes les épreuves qu’elle a traversées, a trouvé la force de se relever et de poursuivre ses rêves. Et Adeline, en dépit de ses frustrations, a su accompagner sa fille sur ce chemin de reconstruction.
L’adoption est un acte d’amour et de dévouement, qui demande une grande ouverture d’esprit et une profonde compassion. C’est un processus complexe, mais qui peut apporter une immense joie et un bonheur durable. Il est important de se rappeler que chaque enfant adopté a son propre parcours, avec ses blessures et ses cicatrices. En tant que parents adoptifs, il est essentiel d’être à l’écoute, de fournir un environnement sécurisant et de soutenir l’enfant dans sa guérison. L’amour et la patience sont les clés pour accompagner un enfant adopté vers un avenir meilleur.
La reprise des cours a entraîné une régression chez elle
La curiosité de Nastia était insatiable, car elle savait que l’éducation était la clé pour s’échapper de sa situation difficile. Cependant, son entrée à l’école a provoqué une régression significative : elle a commencé à marcher à quatre pattes, avait besoin d’être nourrie et avait perdu sa capacité à parler. Elle avait besoin de revivre cette partie de l’enfance qu’elle n’avait pas pu vivre. Un pédiatre a suggéré une approche corporelle pour résoudre ce problème. Il a conseillé à Adeline de prendre des bains avec sa fille, afin de lui permettre de réintégrer les expériences qu’elle n’avait pas vécues en tant que mère biologique. Et cela a fonctionné ! Après quelques bains, Nastia a commencé à toucher le corps d’Adeline, ce qui l’a aidée à reprendre confiance et à retrouver son âge de 7 ans.
Nastia était très attachée à Adeline, mais elle ne savait pas comment exprimer cela de manière douce. Elle avait besoin de contacts physiques violents, car c’était le seul mode de communication qu’elle avait connu en Russie. Cela a créé des tensions et des rapports de force entre elles. Adeline a dû être ferme, même si cela lui faisait mal. L’adoption d’un enfant avec un passé difficile signifie composer avec ce passé. Malgré sa bonne volonté et son amour, Adeline a dû faire face aux cauchemars et aux traumatismes de Nastia. Il a fallu deux ans pour que leur relation s’apaise et que leur amour mutuel puisse enfin s’épanouir.
J’ai fait preuve de résilience pour rester solide
Quand Adeline a entendu les mots de sa fille, elle a été profondément bouleversée. Sa fille avait vécu un traumatisme terrifiant, témoin du meurtre d’un homme commis par sa mère biologique. Cette expérience a laissé des cicatrices indélébiles sur sa vie, la rendant responsable de cet acte impensable. Adeline a ressenti une profonde empathie pour sa fille et a su qu’elle devait tout mettre en œuvre pour l’aider à guérir de son passé traumatisant.
Sans jugement ni tabou, Adeline a déployé une stratégie éducative basée sur la nature et les animaux. Elle a encouragé sa fille à découvrir la beauté de l’enfance et de l’innocence à travers des activités en plein air et des interactions avec les animaux. Cette approche a permis à sa fille de retrouver un semblant de paix intérieure et de se libérer peu à peu de ses démons.
Le chemin vers la guérison n’a pas été facile. Il y a eu des victoires remarquables, où la fille d’Adeline a montré des signes de résilience et de progrès, mais il y a aussi eu des moments plus difficiles où les traumatismes passés ont refait surface. Néanmoins, Adeline est restée dévouée à sa fille, utilisant son amour inconditionnel et sa patience pour l’aider à surmonter les obstacles qui se dressaient sur son chemin.
Cette histoire est un témoignage puissant de la force de l’amour maternel et de la capacité de guérison des enfants adoptés. Adeline a montré à quel point l’empathie et l’imagination peuvent jouer un rôle essentiel dans la reconstruction de la vie d’un enfant qui a connu des traumatismes profonds. Elle a offert à sa fille un nouvel espoir et la possibilité de se créer un avenir meilleur.
L’adoption est un sujet complexe et émotionnellement chargé, mais Adeline nous rappelle que chaque histoire est unique et nécessite une approche individuelle. Son expérience nous montre que l’amour et le soutien inconditionnels peuvent aider les enfants adoptés à se reconstruire et à trouver la guérison, même après avoir vécu des traumatismes indescriptibles.
Les mots d’Adeline résonnent profondément et nous rappellent l’importance d’écouter et de comprendre les enfants adoptés, de reconnaître leur histoire et de leur offrir l’amour et le soutien dont ils ont besoin pour guérir.