Réduction embryonnaire : comprendre les conséquences de cette procédure médicale

Lorsqu’une grossesse multiple, comme des triplés ou des quadruplés, présente des risques de complications, il est possible de proposer aux parents une réduction embryonnaire. Cette technique est encadrée par la loi de bioéthique du 2 août 2021. Les grossesses multiples peuvent entraîner des problèmes tant pour la mère que pour les bébés. De plus, elles peuvent perturber la vie de famille, qui peut ne pas être préparée psychologiquement, socialement et financièrement à accueillir simultanément trois, quatre ou même six bébés. Pour faire face à ces difficultés, la réduction embryonnaire consiste à limiter le développement dans l’utérus à un maximum de deux fœtus, en éliminant les embryons surnuméraires.

La réduction embryonnaire : ce que stipule le code de santé publique

Avant le 2 août 2021, il n’y avait pas de loi encadrant la réduction embryonnaire. Cependant, la nouvelle loi de bioéthique de 2021 définit maintenant les contours de cette procédure médicale. La réduction embryonnaire diffère de l’interruption volontaire de grossesse « classique », bien qu’elle puisse être pratiquée dans les mêmes délais. Avant toute intervention médicale, les couples reçoivent des informations détaillées sur cette technique et ont un délai de réflexion avant de donner leur consentement écrit. La réduction peut être proposée aux parents, mais ils peuvent également la demander pour des raisons médicales ou personnelles. À ce jour, toutes les grossesses multiples de plus de trois fœtus ne sont pas réduites car certains parents préfèrent les laisser se développer naturellement.

Il existe deux situations qui peuvent conduire à la réduction embryonnaire : la réduction embryonnaire, qui est une interruption volontaire partielle de grossesse, est pratiquée en cas de grossesse multiple de haut rang. Le fœticide sélectif, qui est une interruption médicale de grossesse sélective, est pratiqué lorsque des anomalies morphologiques ou chromosomiques graves sont détectées chez un embryon, que ce soit dans le cadre d’une grossesse gémellaire ou multiple.

Depuis le 2 août 2021, les conditions pour pratiquer une interruption partielle de grossesse sont les suivantes : une mise en péril grave de la santé de la femme enceinte et une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection particulièrement grave et incurable au moment du diagnostic. La réduction embryonnaire ne peut être effectuée que pendant le premier trimestre de la grossesse, contrairement au fœticide sélectif.

Selon Lisa Carayon, maîtresse de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord et spécialiste des droits de la santé et de la famille, la loi du 2 août 2021 restreint les droits des femmes en la matière. Dans un article publié sur le site de Dalloz, elle explique que désormais, si le développement des fœtus n’est pas mis en danger par la grossesse multiple et qu’aucun d’entre eux n’est atteint d’une pathologie, et que la santé de la femme enceinte n’est pas en danger, la réduction ne peut théoriquement pas avoir lieu après douze semaines de grossesse. Auparavant, une femme enceinte de moins de douze semaines qui ne souhaitait pas avoir de jumeaux pour des raisons sociales pouvait demander une réduction embryonnaire sans avoir à justifier de motifs liés à sa santé ou à celle des embryons.

En effet, si les risques de graves problèmes médicaux pour la mère ou les bébés ne sont pas présents, les grossesses gémellaires ne sont pas concernées par la réduction embryonnaire. Quant aux grossesses triples, leur discussion est d’autant plus nécessaire car les progrès de la médecine périnatale ont considérablement amélioré le pronostic vital des triplés prématurés.

Davantage de risques de grossesses multiples lors de la FIV

Si une grossesse avec plus de trois bébés peut survenir naturellement, c’est surtout grâce aux avancées de la procréation médicalement assistée (PMA) que le nombre de ces grossesses a augmenté. Cependant, attendre trois ou quatre enfants en même temps comporte des risques pour la mère et les fœtus. Les risques les plus courants comprennent une grande prématurité, le décès d’un ou plusieurs fœtus in utero, un retard de croissance d’un ou plusieurs fœtus, le risque de rupture utérine, des hémorragies et des complications cardiovasculaires pour la future maman. Heureusement, la réduction embryonnaire, un geste médical, est devenue plus rare en France au cours des dix dernières années grâce aux mesures prises par les centres de PMA. Le nombre d’embryons transférés après une fécondation in vitro est maintenant limité à deux, ce qui réduit les grossesses multiples de plus de trois bébés. De plus, grâce aux dosages hormonaux et aux échographies pratiqués régulièrement lors de la stimulation de l’ovulation, l’apparition d’un nombre excessif de follicules est de plus en plus évitée.

Comment se déroule une interruption de grossesse sélective ?

reduction-embryonnaire-comprendre-les-consequences-de-cette-procedure-medicale

Deux méthodes, toujours utilisant une échographie pour guider le processus

La réduction embryonnaire est une procédure couramment utilisée pour réduire le nombre d’embryons lorsqu’il y en a plus de deux. Elle est généralement effectuée entre la 8ème et la 14ème semaine de grossesse. Deux méthodes peuvent être utilisées en fonction de l’avancement de la grossesse, mais dans les deux cas, l’intervention est guidée par une échographie.

La méthode la plus couramment utilisée consiste à utiliser une aiguille pour injecter des produits létaux dans le thorax de l’embryon par voie abdominale maternelle, similaire à une amniocentèse. Cela entraîne l’endormissement et l’arrêt cardiaque de l’embryon. Il est important de souligner que les embryons ne souffrent pas lors de cette procédure, car leur cœur cesse de battre en quelques secondes.

Les embryons ne sont pas choisis au hasard, mais sur la base de critères tels que la présence de malformations ou de suspicion d’anomalies chromosomiques. Le médecin vérifie également le nombre de placentas et de poches des eaux, ainsi que l’accessibilité et la position des embryons par rapport au col de l’utérus.

Une autre méthode moins courante consiste à utiliser une aiguille reliée à une sonde échographique endovaginale pour effectuer l’injection par voie transvaginale. Les embryons endormis restent ensuite dans l’utérus jusqu’à l’accouchement, où ils seront soit résorbés, soit expulsés.

La réduction embryonnaire est généralement pratiquée en hôpital de jour, sans nécessité d’hospitalisation prolongée ni d’anesthésie. La procédure est précédée d’une échographie approfondie pour localiser les embryons. Sa durée peut varier en fonction de différents facteurs, tels que le nombre et la position des embryons, ainsi que les caractéristiques de la patiente.

Après l’intervention, un traitement antibiotique est nécessaire pour éviter les infections, et l’utérus est mis au repos avec des antispasmodiques. La patiente reste sous surveillance pendant une heure avant de pouvoir rentrer chez elle, et une échographie de contrôle est réalisée 24 heures plus tard pour vérifier la vitalité des embryons restants.

La réduction embryonnaire peut avoir un impact psychologique important sur le couple, qui peut la vivre comme une expérience traumatisante. Le soutien de l’équipe médicale et de l’entourage est essentiel pour les aider à faire face à cette situation. Les parents peuvent ressentir des sentiments contradictoires, mêlant soulagement de ne pas avoir à faire face à une grossesse à risque et culpabilité d’avoir dû se séparer d’embryons non malades.

Les impacts de la réduction embryonnaire sur le déroulement de l’accouchement

Selon les statistiques, il est important de noter que la prématurité est plus fréquente dans les cas de réduction embryonnaire par rapport aux grossesses simples ou gémellaires spontanées. C’est pourquoi les mamans doivent prendre davantage de repos et sont souvent mises en arrêt maladie pendant toute la durée de leur grossesse.

Les risques de fausse couche sont-ils accrus lors d’une réduction embryonnaire ?

La principale complication de la réduction embryonnaire est la possibilité de fausse couche spontanée, qui survient dans environ 4 % des cas avec la méthode la plus couramment utilisée. En général, cette fausse couche se produit après une infection du placenta, appelée chorioamniotite, quelques temps après l’intervention. Heureusement, pour la plupart des femmes enceintes, la grossesse se déroule normalement.