La question du délaissement parental, de la déclaration d’abandon et de l’adoption simple est un sujet très délicat qui suscite depuis longtemps des débats intenses avec des positions fortement polarisées. D’un côté, il y a ceux qui défendent une protection de l’enfance axée sur le maintien du lien entre l’enfant et sa famille, même s’il faut maintenir artificiellement ce lien et imposer à l’enfant des placements répétés. De l’autre côté, il y a ceux qui soutiennent une détection précoce du délaissement parental et une accélération de la déclaration d’abandon afin que l’enfant puisse accéder au statut de pupille de l’État et être adopté. Dominique Bertinotti se positionne clairement en faveur de cette dernière approche. Elle se demande si, pour les enfants dont on sait qu’ils ne pourront pas rentrer chez eux, il ne serait pas nécessaire de envisager un autre système, comme faciliter la procédure d’adoption.
Les réglementations visant à protéger les enfants : un défi constant
Dominique Bertinotti, ministre de gauche, s’intéresse également à la question du délaissement parental et souhaite offrir une « seconde chance familiale » aux enfants placés dans des structures d’accueil de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Elle propose d’utiliser l’adoption simple pour permettre à ces enfants d’avoir un nouveau foyer tout en conservant leurs liens de filiation avec leurs parents biologiques. Cette initiative n’est pas nouvelle, puisque Nadine Morano, ministre de droite, avait également proposé un projet de loi sur l’adoption qui prévoyait une évaluation annuelle de la situation des enfants placés et la possibilité de saisir le Tribunal de grande instance en cas de délaissement. Il est donc clair que la protection de l’enfance dépasse les clivages politiques et que plusieurs ministres ont cherché des solutions pour améliorer cette situation.
Un abandon sans explication ou cadre de référence
Il est difficile de faire la distinction entre la réalité et les opinions idéologiques concernant le délaissement parental. Les travailleurs sociaux reconnaissent que certains enfants placés très tôt et qui ne retourneront jamais chez eux ne font pas l’objet d’une procédure d’abandon et d’un projet stable à long terme. Il est important d’identifier les enfants qui n’ont pas vu leurs parents depuis six mois et de définir clairement la notion de délaissement afin d’aider les équipes à évaluer la situation. Certains professionnels sont préoccupés par les placements prolongés et les parcours chaotiques de nombreux enfants. Ils estiment que maintenir un lien avec des parents défaillants peut être néfaste pour l’enfant. Cependant, il s’agit seulement d’une impression et il est nécessaire d’avoir une perspective équilibrée sur la question.
La situation floue des chiffres en France
Les défenseurs de la famille sont très actifs et soulignent l’importance de permettre aux enfants d’être élevés par leurs parents biologiques. Jean-Pierre Rosencveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny, qui est un fervent défenseur du lien familial, participe aux discussions sur le projet de loi famille. Il affirme qu’il y a très peu d’enfants réellement délaissés par leurs parents et que l’adoption ne devrait être qu’un dernier recours. Cependant, il est crucial de connaître le nombre exact d’enfants délaissés parmi les mineurs placés pour prendre une décision éclairée. Les chiffres avancés par le Ministère évoquent environ 15 000 enfants délaissés, mais ces estimations sont contestées en raison du manque de définition précise et d’outils statistiques fiables. Cette absence de données précises rend difficile pour les observateurs extérieurs de comprendre la situation et de se faire une opinion. Il est donc essentiel d’obtenir des statistiques fiables pour mieux cerner la problématique.