De nombreuses femmes se sentent dépossédées de leur expérience d’accouchement et peuvent vivre un véritable traumatisme. Lorsque les choses ne se passent pas comme prévu, que ce soit en raison de complications, de manque d’informations ou même de violences obstétricales, cela peut avoir un impact profond sur la mère. Selon les données de la PATTCH (Prevention and Treatment of Traumatic Childbirth), entre 25 et 34 % des femmes décrivent leur accouchement comme traumatisant. Il est important de comprendre les signes et les conséquences de l’accouchement traumatique, ainsi que les moyens de faire face à cette expérience difficile.
Qu’est-ce qu’un accouchement traumatique ?
Il est difficile de définir précisément ce qu’est un accouchement traumatique, car cela dépend de chaque personne et de son histoire. Cependant, on peut le décrire comme un accouchement vécu comme une expérience invasive, hors de contrôle, brutale et intense, où la femme se sent en danger de mort. C’est cette sensation de danger de mort qui crée le traumatisme. Il est important de souligner que chaque femme peut réagir différemment à un accouchement et ce qui peut être traumatique pour une personne ne l’est pas nécessairement pour une autre.
Le traumatisme survient lorsque la personne est prise au piège de l’expérience
Lorsqu’une mère ou son bébé fait face à la peur de la mort pendant l’accouchement, cela peut entraîner un traumatisme. Ce traumatisme est souvent associé à un sentiment de blocage, où la jeune mère, et parfois même son partenaire, reste choquée et obsédée par les images de l’accouchement ou des complications qui ont suivi. Cette obsession devient alors pathologique et peut être liée à des traumatismes antérieurs, parfois remontant à l’enfance. La personne ne parvient pas à surmonter les difficultés de la situation, surtout lorsque celles-ci s’ajoutent à d’autres agressions ou douleurs déjà vécues. Le traumatisme s’installe et la mère se retrouve rapidement dépassée par ses émotions.
Quels sont les signes et les conséquences d’un accouchement traumatique ?
Lors d’un accouchement, il peut y avoir de nombreuses complications qui peuvent éloigner les parents de leurs attentes initiales. Mais est-ce que ces complications sont toujours traumatisantes ? Selon les psychologues, il y a une différence entre un accouchement difficile et un accouchement traumatique. Dans de nombreux cas, une fois que les complications sont passées, la mère peut passer à autre chose en disant qu’elle a vécu des moments douloureux et effrayants, mais maintenant que le bébé est là et que tout va bien, elle peut avancer. Cependant, dans les cas de traumatisme, il y a un avant et un après marqués par des séquelles physiques et psychologiques, et un sentiment de blocage et de débordement face à ce qui s’est passé.
L’accouchement entraîne toujours une perte de contrôle
Cependant, Fabienne Sardas considère également ces attentes déçues comme un symptôme de notre époque. Les femmes d’aujourd’hui, qui ont plus de 30 ans et accouchent, ont souvent un fort besoin de contrôle. Mais l’accouchement est un moment où elles doivent lâcher prise, perdre leurs repères et leur confiance en elles-mêmes. Cela peut causer du stress car elles sont confrontées à l’imprévu. Il est important de se rappeler qu’il n’y a pas de réussite ou d’échec lors d’un accouchement. Il n’y a pas de points à gagner. Chaque femme fait de son mieux et se mettre la pression peut engendrer de l’anxiété.
Les risques associés au traumatisme lors de l’accouchement
Certaines femmes peuvent vivre un accouchement traumatique, que ce soit à cause d’une situation inattendue et grave ou en raison de leur histoire personnelle. Les femmes qui ont déjà été traumatisées, comme celles qui ont subi un viol ou une agression, peuvent être particulièrement vulnérables. L’idée d’être touchées physiquement et d’accoucher dans le même endroit que leur traumatisme peut déclencher une réaction. D’autres femmes qui ne se sentent pas à l’aise dans leur corps ou qui ont du mal à accepter les changements physiques liés à la grossesse peuvent également être sujettes à un accouchement traumatique. Elles peuvent craindre l’exposition de leur intimité pendant l’accouchement, ce qui les rend très anxieuses. Enfin, les femmes qui ont vécu des expériences médicales difficiles, telles que des douleurs, des séquelles ou un handicap, peuvent trouver difficile d’accepter les conditions médicales de l’accouchement. Il est cependant difficile de prévoir exactement la difficulté que représentera l’accouchement et ce que cela signifiera pour chaque femme.
Gérer le stress de l’accouchement : astuces pour mieux faire face
Il est possible de se préparer à l’accouchement et de gérer le stress en salle d’accouchement, que l’on soit vulnérable ou non. Les cours de préparation à la naissance sont conçus dans ce but, afin d’aider les futures mamans à apprivoiser ce moment qui peut être hors de contrôle. De plus, il est important de savoir qu’une femme enceinte inquiète peut consulter une sage-femme autant de fois qu’elle le souhaite avant et après l’accouchement. Fabienne Sardas mentionne également différentes méthodes qui peuvent aider les femmes en travail à mieux vivre cette expérience. Par exemple, les séances d’haptonomie, qui permettent d’établir un contact avec le bébé, peuvent jouer un rôle important en fournissant des repères utiles en salle d’accouchement. On a remarqué que les mères qui sont conscientes que leur bébé vit un moment traumatique et qui se connectent à ce qu’il ressent s’en sortent mieux. D’autres préparations, comme la sophrologie dirigée sur l’accouchement, le yoga, le chant prénatal, ou toute autre activité qui mobilise la concentration et la respiration, peuvent également aider à vivre ce moment de manière plus positive.
Les étapes pour se rétablir après un accouchement traumatisant
Lorsqu’un accouchement est vécu comme traumatisant, il est important de pouvoir compter sur le soutien de son entourage pour se relever et avancer. Selon les psychologues, la présence du partenaire est essentielle. Il doit être une source d’encouragement et de réconfort, tout en reconnaissant les épreuves vécues par la maman. Cela lui permettra de se reposer et de se sentir comprise.
Un professionnel de la santé mentale dans chaque maternité
Il est important d’encourager une prise en charge en cas de santé mentale affectée par l’accouchement, afin de remédier au sentiment d’échec que peut ressentir une maman. Il est possible pour chaque maman de prendre rendez-vous avec le psychologue de la maternité, de sa propre initiative ou sur recommandation de son entourage. La prise en charge peut aller jusqu’à une prescription médicamenteuse pour gérer l’anxiété et l’insomnie. Il est essentiel d’oser parler ou demander de l’aide extérieure, surtout lorsque l’on sait que l’accouchement et les difficultés rencontrées pendant la période post-partum peuvent avoir un impact néfaste sur la santé mentale de la jeune maman. Bien que cela reste rare, ces problèmes psychologiques sont la deuxième cause de mortalité maternelle en France.
Comment faire face au stress post-traumatique après un accouchement
Il existe plusieurs méthodes efficaces pour mieux gérer le traumatisme d’un accouchement difficile et retrouver confiance en soi et en son corps pour les futures grossesses. L’hypnose, l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) et les thérapies comportementales sont des approches qui peuvent aider. De plus, une approche psychanalytique peut permettre de revisiter les émotions liées à l’accouchement traumatisant, bien que cela ne soit pas nécessairement adapté à toutes les femmes, certaines préférant simplement apaiser leurs angoisses sans revenir sur de vieux traumatismes. Il est important de trouver la méthode qui convient le mieux à chaque personne pour surmonter les conséquences d’un accouchement traumatique.
Partager son expérience personnelle
Les groupes de soutien, les réseaux sociaux et les sites web où les mamans se rassemblent et se soutiennent mutuellement sont maintenant d’une grande aide. Autrefois, les femmes traumatisées gardaient le silence. Quand un accouchement difficile était vécu, la société appelait cela « le mal joli » et la mère, socialement contrainte, ne pouvait que accepter son traumatisme périnatal, sans que sa santé mentale ne soit prise en compte, explique la spécialiste. Heureusement, le dialogue sur les risques s’est ouvert aujourd’hui, les mères peuvent être plus actives, poser des questions, et l’accouchement n’est plus seulement un événement physiologique, mais un événement majeur dans la vie d’une femme. Il est important de continuer à humaniser la relation entre le personnel médical et la parturiente. (Source : Institut français d’EMDR, avril 2023).