Les raisons qui m’ont poussé à opter pour le dépistage préimplantatoire (DPI)
Je souffre d’une maladie génétique rare appelée neurofibromatose. Dans sa forme la plus légère, elle se manifeste par des taches et des tumeurs bénignes sur le corps. En raison de cette maladie, j’ai toujours su que concevoir un enfant serait compliqué. Ce qui rend cette maladie particulièrement préoccupante, c’est que je pourrais la transmettre à mon bébé sans savoir à quel stade il la développerait. Etant donné que cette maladie peut être très grave et entraîner de nombreux handicaps, il était hors de question pour moi de prendre ce risque et de compromettre la vie de mon futur enfant.
Mon expérience du DPI loin de chez moi
Lorsque nous avons décidé d’avoir un bébé, je me suis intéressée au diagnostic préimplantatoire (DPI). J’ai consulté une généticienne à Marseille qui m’a mis en contact avec un centre à Strasbourg. En France, il n’y a que quatre centres pratiquant le DPI et celui de Strasbourg était le mieux informé sur ma maladie. Mon mari et moi avons donc traversé le pays pour rencontrer des spécialistes et en apprendre davantage sur cette technique. C’était au début de l’année 2010.
Le premier gynécologue que nous avons rencontré était vraiment odieux, froid et pessimiste. J’ai été profondément choquée par son attitude. Déjà, entamer ce processus était assez difficile, alors si en plus le personnel médical nous mettait des obstacles, nous n’allions jamais y arriver. Heureusement, nous avons ensuite rencontré le professeur Viville, qui a été très à l’écoute. Il nous a prévenus dès le départ qu’il fallait se préparer à un échec, car les chances de succès étaient très minces. Le psychologue avec qui nous avons également discuté par la suite nous a sensibilisés à cette possibilité. Malgré tout cela, notre détermination n’a pas été entamée, nous voulions vraiment avoir ce bébé.
Les démarches pour réaliser un diagnostic préimplantatoire sont longues. J’ai rempli un dossier dès 2007. Plusieurs commissions ont examiné ce dossier. Il était nécessaire que les experts reconnaissent que la gravité de ma maladie justifiait que j’aie recours au DPI.
Comment se déroule le DPI (dépistage prénatal invasif) ?
Une fois notre demande acceptée, nous avons dû passer de nombreux examens longs et éprouvants. Le jour tant attendu est arrivé. On m’a fait une ponction ovarienne, une expérience très douloureuse. Une semaine plus tard, je suis retournée à l’hôpital pour l’implantation. Malheureusement, sur les quatre follicules, un seul était sain. Malgré cela, deux semaines plus tard, j’ai fait un test de grossesse et j’ai découvert que j’étais enceinte. C’était une joie immense et indescriptible. Contre toute attente, ça avait fonctionné dès le premier essai, ce qui est rare selon mon médecin qui m’a dit que j’étais très peu fertile mais extrêmement féconde. Ma grossesse s’est ensuite déroulée sans encombre. Aujourd’hui, j’ai une petite fille de huit mois et à chaque fois que je la regarde, je réalise à quel point j’ai de la chance.
Le DPI : une épreuve éprouvante malgré tout
Je tiens à dire aux couples qui envisagent de se lancer dans le protocole du diagnostic préimplantatoire (DPI) que c’est une épreuve psychologiquement très difficile et qu’il est essentiel d’être bien entouré. Sur le plan physique, ce n’est pas une partie de plaisir non plus. Les traitements hormonaux sont éprouvants. J’ai pris du poids et j’ai souvent eu des sautes d’humeur. L’examen des trompes, appelé hystérosalpingographie, m’a particulièrement marquée. On ressent une sensation semblable à une décharge électrique. C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne pense pas refaire de DPI pour mon prochain enfant. Je préfère opter pour une biopsie du trophoblaste, un examen réalisé au début de la grossesse. Il y a cinq ans, personne dans ma région ne pratiquait ce test, mais ce n’est plus le cas maintenant.