La violence obstétricale : briser le silence sur l’expérience des maris

Il n’existe pas de données chiffrées sur l’impact du « point de mari », une pratique qui consiste à recoudre le vagin d’une femme après un accouchement avec épisiotomie ou déchirure pour le rendre « plus serré » et augmenter le plaisir du conjoint lors des rapports sexuels. Cette pratique est considérée comme une forme de violence obstétricale par de nombreux professionnels de santé. Les témoignages de femmes ayant subi cette pratique sont nombreux et font état de sensations de défloration et de douleurs lors des rapports sexuels. Les récits sont souvent terrifiants, mettant en évidence les conséquences néfastes de cette pratique.

Les inquiétudes liées à la cicatrisation après une épisiotomie ou une déchirure périnéale

Le terme « point du mari » est devenu célèbre en 2014 lorsque la sage-femme Agnès Ledig a dénoncé cette pratique. Elle consiste à recoudre le vagin d’une femme plus serré qu’avant la grossesse après une épisiotomie ou une déchirure lors de l’accouchement. Ce témoignage a été relayé sur le blog d’Isabelle Alonso, une ancienne membre de l’association féministe Les Chiennes de Garde. Selon Claude Vouillot, une sage-femme, cette pratique était enseignée dans leur formation dans les années 1980. Cependant, elle et ses collègues retirent ce point supplémentaire lorsque le médecin a le dos tourné. Cette pratique est considérée comme symbolique de la façon dont la médecine est perçue comme la référence de ce qui est bon pour le corps des femmes. Il s’agit d’un instrument de domination masculine qui cause de terribles douleurs aux femmes après l’accouchement et lorsqu’elles reprennent leur sexualité dans leur couple.

Les signes et symptômes du point du mari, son emplacement et comment le retirer

Dans de nombreuses cultures, une pratique révélatrice de l’obsession des hommes pour la virginité des femmes persiste encore aujourd’hui. Cependant, il est important de souligner que la valeur d’une femme ne devrait pas être mesurée en fonction de sa virginité en 2023.

En ce qui concerne les parties intimes, il est crucial que les femmes consultent une sage-femme en cas de douleur persistante pendant les rapports sexuels ou au repos. Si la sage-femme ne prête pas suffisamment attention à ces douleurs ou les minimise, il ne faut pas hésiter à en chercher une autre afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de points de suture à retirer.

Il est essentiel de se rappeler que la santé et le bien-être des femmes doivent être pris au sérieux, et qu’il est important de trouver un professionnel de confiance qui saura les écouter et les traiter avec respect.

Le point de suture après l’accouchement peut-il être trop serré par inadvertance ?

Certains professionnels de santé justifient le fait de faire un point de suture supplémentaire en disant que c’est involontaire. Cependant, une sage-femme s’insurge contre cette justification, soulignant le risque grave de suturer une zone aussi délicate au hasard. Certaines femmes ont même témoigné de médecins qui faisaient ce point supplémentaire sans leur consentement, en disant à leur conjoint : « Je vous la rends comme avant ». L’Ordre des sages-femmes affirme cependant que cette pratique n’a jamais été enseignée dans leur formation et qu’ils ne sont pas au courant de tels cas.

Les avis d’une spécialiste en gynécologie sur le point de vue du conjoint

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Selon Odile Bagot, une gynécologue avec 40 ans d’expérience, l’idée du « point du mari » est une fausse croyance qui n’a aucun fondement. Elle affirme que cette idée a été inventée par certaines femmes qui ont ressenti des douleurs lors des rapports sexuels après l’accouchement. Selon elle, il est impossible de recoudre le vagin pour le resserrer, car cela nécessiterait d’enlever une partie du vagin, ce qui est anatomiquement irréalisable. Les douleurs ressenties après l’accouchement sont généralement dues à la cicatrice de l’épisiotomie et au temps nécessaire pour que le périnée retrouve son élasticité. Pour Odile Bagot, il s’agit d’un problème physique qui peut causer des difficultés dans la vie de couple. Elle souligne également qu’affirmer aux femmes qu’elles ont été mutilées pour satisfaire leur mari est non seulement faux, mais cela les empêche également de guérir. Au cours de sa pratique au CHU de Strasbourg, elle n’a jamais rencontré de femme se plaignant de ce prétendu « point du mari.

Accorder crédit aux femmes victimes de violence conjugale

Il est difficile de trouver un gynécologue qui admettra l’existence de la pratique connue sous le nom de « point du mari ». Pourtant, Philippe Deruelle, professeur et praticien en gynécologie obstétrique, affirme que nous devons cesser de remettre en doute la parole des femmes. Bien qu’il n’ait jamais été formé à cette pratique, il a été choqué de la découvrir il y a plusieurs années sur les réseaux sociaux. Il la considère comme l’apogée du machisme et se demande qui peut enseigner de tels actes de violence obstétricale aux étudiants et aux internes.

En outre, cette pratique réduit considérablement la sexualité à un acte mécanique entre un pénis et un vagin. Selon le professionnel de santé, il n’y a aucune preuve que le vagin se resserre après l’accouchement pour augmenter le plaisir sexuel de l’homme. Une étude belge de 2011 intitulée « Chirurgie esthétique des organes génitaux féminins » retrace les débuts de cette pratique dans les années 1950. Les médecins de l’époque prétendaient qu’elle visait à améliorer le bien-être des femmes, mais aucune étude statistique n’avait été réalisée à ce sujet.

En conclusion, l’existence du « point du mari » est controversée parmi les professionnels de santé et il est important de remettre en question cette pratique qui réduit la sexualité à un acte mécanique et qui peut être considérée comme une forme de violence obstétricale.

Procédure de condamnation de la violence obstétricale en France

Lorsque les femmes font face à des violences obstétricales, il est important de ne pas hésiter à en parler. Il est conseillé de demander des explications et, si nécessaire, de remonter dans la hiérarchie médicale pour trouver une solution. Il ne faut pas attendre la cicatrisation pour consulter, car une nouvelle opération chirurgicale peut ne pas être idéale. Dans certains cas, il est possible d’entamer une action en justice contre les auteurs de ces violences. Bien que le Code pénal ne qualifie pas spécifiquement les violences gynécologiques et obstétricales, elles peuvent souvent être considérées comme des violences aggravées, étant donné qu’il s’agit d’un abus de faiblesse envers de jeunes mamans qui sont démunies face à l’autorité des professionnels de la santé. Il est également important de signaler ces violences à la hiérarchie et de demander son dossier médical pour matérialiser les faits. Il ne faut pas tarder à faire constater les séquelles physiques, et les conséquences post-traumatiques de ces violences sont souvent importantes. Il est essentiel de soutenir et encourager les femmes victimes de ces pratiques à parler et à briser le tabou qui les entoure. Les signalements de violences obstétricales ont augmenté ces dernières années, montrant que la parole se libère et que les victimes osent enfin se faire entendre.

Témoignages fréquents sur les forums et les réseaux sociaux : le mari n’a pas été consulté avant l’épisiotomie

La question du consentement est essentielle lors des examens gynécologiques, selon Me My-Kim Yang-Paya. Malgré la loi Kouchner de 2002 sur le consentement des patients, de nombreuses femmes témoignent en ligne d’épisiotomies non consenties et de péridurales inefficaces. Il est donc nécessaire de mettre en place des mesures concrètes pour lutter contre les violences gynécologiques et obstétriques au sein du corps médical.